Le jugement contre Canoë qui l’oblige à payer la somme de 107 000 $ à l’avocate Susan Corriveau pour des commentaires publiés sur le blogue de Richard Martineau est, comme le souligne Josiane Massé, une bonne occasion de frémir pour la blogosphère, du moins une partie.
Pour ma part, il y a longtemps que la question du décorum me chicote pour ce qui est des échanges dans la blogosphère (particulièrement ici) et c’est pour ça que je ne me suis pas gêné de bannir certains commentateurs. C’est certain que je ne crois pas que les verbiages et insultes de ces personnes auraient pu occasionner quelconque poursuites, puisqu’il n’y a pas d’argent à aller chercher auprès des blogueurs citoyens, mais ce n’est pas une raison pour ne pas tenter, chacun, de réguler au moins son petit lopin de terre virtuel.
Je suis même allé dernièrement jusqu’à me bannir moi-même de la section commentaire d’un autre blogue parce que je trouvais que le blogueur me traitait désagréablement (n’importe où, me faire sacrer après n’est pas quelque chose que j’aime). Je ne le nommerai pas dans ce billet, mais s’il tient à se dévoiler en commentaire, cela sera son choix. Et si j’en arrive à prendre la décision de le bannir ici (ce que je me retiens de faire depuis assez longtemps), cela sera aussi son choix, puisqu’il sait, comme tous les habitués ici, où se trouvent mes limites. Le piège est immense et pointé d’une flèche clignotante, comme les panneaux qui indiquent les photo-radars sur les autoroutes… Il ne faudra pas pleurnicher après que je suis méchant, comme la plupart des autres.
Quand je repense aux bannissements que j’ai faits, je me souviens que j’ai toujours émis des avertissements très clairs. Et le pire dans tout ça, c’est que cela a titillé la personne au lieu de la calmer, comme si tracer une limite dans mon espace était une insulte à la sainte liberté d’expression. Ce qui devait arriver arrivait : on en remettait et je me devais de sévir pour être conséquent.
Le terme « modération » est vraiment juste, quand même. Il est de la même famille que le verbe « modérer » et surtout de l’adjectif « modéré ». C’est la solution aux propos excessifs, que ce soit dans la forme ou dans le fond, et le meilleur juge n’est jamais la personne qui les émet.
Alors, le mieux qu’il reste à faire, c’est de retourner sept fois dans sa tête une idée, une tournure de phrase, une expression, etc. avant d’appuyer sur « soumettre ».
Et la morale de cette histoire, c’est que je réserve la possibilité de chicane avec les gens très proche de moi. Par exemple, j’ai de l’énergie à mettre pour démêler des imbroglios avec la femme de ma vie, pas avec des commentateurs et commentatrices de mon blogue. Surtout que tout ce que ça me rapporte, c’est un nombre plus élevé de commentaires à un billet, et ça je m’en fous pas mal. Je préfère amplement une ambiance agréable avec beaucoup moins de commentaires, même que j’ai un doute que les commentaires agressifs/agressant font fuir les gens posés qui ont peur de se faire faire du rentre-dedans.
À ce dernier sujet, est-ce que je suis loin ou proche de la réalité?